Goulwenn Tristant

Goulwenn Tristant

COLOCATION : Le choix des armes

La colocation accroche de plus en plus les locataires et les bailleurs/investisseurs. On parle même de nouvel eldorado. Mais des questions se posent notamment sur le choix du bail : collectif ou individuel


Nantes, Paris et Lyon sont en tête du classement des villes les plus convoitées pour la colocation. Si historiquement partager son « appart » était une affaire d’étudiants, aujourd’hui le marché est occupé par 45 % de salariés, des familles monoparentales et 1 % de retraités. C’est l’histoire de Dussollier dans « Adopte un veuf ». Côté investisseurs, difficile de passer outre la colocation tant ce mode d’exploitation est considéré comme l’un des plus rentables. Cet engouement se justifie notamment par ses nombreux avantages, notamment la diversification de son parc immobilier par l’acquisition de grandes surfaces. Les chambres, louées à elles seules, sont aussi chères qu’un appartement privatif ! La mixité des profils des colocataires permet aussi de créer une sorte d’équilibre dans le logement et d’assurer une meilleure garantie de paiement des loyers. De plus, la carence locative est en principe quasi inexistante à qui sait trouver l’emplacement idéal, d’autant que le remplacement des colocataires sortant s’effectue bien souvent par ceux en place.


Colocation : la loi ALUR donne le ton…, mais pas plus

Et les bémols ? Il y en a ! La colocation est source de nombreuses difficultés, le législateur n’en ayant pas défini tous les contours avec exactitude. Force est de constater que la définition légale a été tardivement donnée à l’occasion de la loi ALUR de 2014 comme étant « la location d’un même logement par plusieurs locataires, constituant leur résidence principale et formalisée par la conclusion d’un contrat unique ou de plusieurs contrats entre les locataires et le bailleur ». Et là se pose la question de savoir s’il vaut mieux opter pour un bail collectif (dit encore unique) ou pour un bail individuel de colocation.


Bail collectif : avantage juridique, contrainte pratique !

Le bail collectif est celui qui unit sur un même contrat le bailleur à l’ensemble des colocataires. Il est souvent un choix plébiscité par l’investisseur. La clause facultative de solidarité couplée avec celle du cautionnement solidaire permet en effet au bailleur de pouvoir recouvrer son loyer auprès de l’ensemble des colocataires et de leurs garants respectifs. Ainsi chacun d’entre eux peut être poursuivi en paiement en cas de défaillance de n’importe quel colocataire. A cet avantage juridique s’oppose toutefois une contrainte pratique car tout nouvel entrant d’un tel bail, qui doit être agréé par tous, se verra proposé de s’engager au paiement de sommes dues par des personnes dont il n’a pas les moyens de connaître la solvabilité en amont… rendant alors la relocation plus laborieuse.

Bail individuel : checker le règlement de copropriété

De manière contrastée, le bail individuel (un contrat par colocataire) permet une certaine flexibilité : ici nul besoin de l’agrément des autres occupants de la colocation pour tout nouvel arrivant. Toutefois, il convient d’être attentif à toute exploitation d’un bien situé dans un immeuble en copropriété car le bail individuel peut être assimilé à de la location de pièces séparées au sein d’un même logement. Une pratique qui peut être prohibée par certains règlements de copropriété. Le bail collectif s’avère alors plus adéquat !
La colocation est un mode d’exploitation sans nul doute « booster » de cash-flow. Mais le choix du bail individuel ou collectif doit être anticipé afin d’en appréhender les impacts tant juridiques que pratiques. Il faut donc se poser les bonnes questions et mener l’investigation. Un homme averti en vaut deux !


Par Amal Gajdane

Quelques clauses « spéciales colocation »…

  • Clé de répartitiondu loyer : clause permettant de déterminer les quote- parts de loyer incombant à chaque colocataire, et d’éviter de demander au 1er arrivant sur un bail collectif de payer l’ensemble du loyer !
  • Pacte de colocation : annexe au contrat de bail établissant les règles de vie de la colocation. Il vaut contrat si l’ensemble des colocataires l’ont signé, s’en sont vus remettre un exemplaire, et s’il est affiché dans le logement.
  • Clauses dinterdiction de fumer et daccueillir des animaux : elles sont réputées non écrites !

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